Pierre Soulages: Un de mes premiers dessins réalisés vers l'âge de 5 ans fit rire toute ma famille. J'avais balafré de noir une feuille de papier. Quand on me demanda ce que c'était, je répondis "un paysage de neige". Avec le noir, j'avais simplement voulu rendre le blanc du papier plus blanc...
Le livre « Les Marchands de l'Aube » par Hervé Sciardet publié par Economica, collection Etudes Sociologiques, constitue pour le moins une véritable plongée au cœur du marché aux Puces de Saint-Ouen.
L'auteur a passé des mois à hanter ce marché pour analyser ses diverses facettes et les comportements de sa faune, chineurs et marchands vendeurs ou acheteurs tout en décortiquant leurs manières de faire.
Néanmoins, ce livre, qui fourmille d'anecdotes instructives et parfois amusantes, s'adresse plutôt à des initiés et on regrettera que l'auteur n'ait pas laissé ses habits de sociologue au vestiaire pour endosser ceux d'un journaliste qui aurait utilisé un style plus proche du reportage sur le vif. Et là, on reste un peu sur notre faim.
Hervé Sciardet a tendance à rompre l'intérêt de son propos par des analyses parfois trop complexes qui gênent le lecteur plus qu'autre chose et c'est dommage. Par ailleurs, il se penche surtout sur des cas particuliers en vue de donner une image plus exacte des acteurs des Puces et restreint ainsi la portée de son livre vendu pour le prix rédhibitoire de 29 euros. Enfin, son vocabulaire trop « sociologique » au goût de certains amène trop souvent des ruptures nuisibles à sa lecture. On aurait aimé une étude plus conviviale et plus générale sur les marchands des Puces qui viennent de tous horizons et dont les parcours ne s'apparentent pas forcément à ceux des cas choisis pour cet ouvrage.
Le territoire des Puces n'est pas vraiment homogène puisqu'il se divise en plusieurs marchés (Serpette, Biron, Dauphine, Malassis, Paul Bert, Vernaison, Jules Vallès ou Cambo) qui ont des standings assez différents. Ainsi, Serpette et Biron attirent une clientèle riche alors que Vernaison ou Jules Vallès ont conservé un cachet populaire.
Les endroits haut de gamme ont leurs habitués lesquels ignorent d'autres marchés alors que les marchands de Biron ou de Serpette se considèrent comme de véritables antiquaires au contraire de ceux de Vallès ou de Vernaison qui sont surtout des brocanteurs à quelques exceptions près. Entre ces extrêmes se situent les marchés Dauphine, Cambo, Malassis et Paul Bert où la qualité de la marchandise est inégale.
L'aspect sociologique des Puces, tel que celui décrit par Hervé Sciardet, est forcément sommaire et ne saurait englober l'ensemble de sa population constituée d'individus de tous bords. En dehors de ceux qui ont choisi depuis longtemps la brocante comme profession, la population active des Puces est constituée par des chômeurs reconvertis, des anciens cadres, des inadaptés à la rigueur du travail en entreprise, des femmes qui éprouvent le besoin de s'occuper le week-end, des journalistes, des travailleurs du secteur public, des artistes ou des retraités désireux d'arrondir leurs fins de mois. Bref, toute une colonie hétérogène au sein de laquelle les entreprises de fort calibre sont rares. La plupart des stands sont tenus par des personnes qui travaillent en nom propre et dont les spécialités vont du bric-à-brac à la haute antiquité. De plus, l'esprit de solidarité est quasiment absent parmi les marchands qui font peu d'efforts pour promouvoir leurs activités et n'ont aucune influence sur le marché de l'art sinon d'entrer dans le calcul de son chiffre d'affaires global à la fin de chaque année. Pour le reste, c'est la politique du chacun pour soi qui domine.
S'il y a une étude sociologique des Puces à entreprendre, c'est simplement pour constater que cet endroit représente pour beaucoup une planche de salut dans leur carrière professionnelle avec d'un côté les brocanteurs qui ont quitté le trottoir de ce marché ou d'autres lieux pour prendre un stand et se développer en fonction de divers critères (volonté, capital investi, connaissances, goût du commerce) et de l'autre, des individus venus de nombreux secteurs professionnels ou désireux de ne pas vivoter une fois la retraite arrivée qui ont choisi la brocante pour survivre ou améliorer leur pécule tout en se développant selon leurs moyens (envie, argent investi, connaissances) mais il serait difficile, voire impossible, de faire une étude peaufinée de cette population hétéroclite dont le développement économique est lié à la santé du dollar, à l'économie des Etats-Unis et du monde industriel ainsi qu'au moral des ménages.
Le livre « Les Marchands de l'Aube » par Hervé Sciardet publié par Economica, collection Etudes Sociologiques, constitue pour le moins une véritable plongée au cœur du marché aux Puces de Saint-Ouen.
L'auteur a passé des mois à hanter ce marché pour analyser ses diverses facettes et les comportements de sa faune, chineurs et marchands vendeurs ou acheteurs tout en décortiquant leurs manières de faire.
Néanmoins, ce livre, qui fourmille d'anecdotes instructives et parfois amusantes, s'adresse plutôt à des initiés et on regrettera que l'auteur n'ait pas laissé ses habits de sociologue au vestiaire pour endosser ceux d'un journaliste qui aurait utilisé un style plus proche du reportage sur le vif. Et là, on reste un peu sur notre faim.
Hervé Sciardet a tendance à rompre l'intérêt de son propos par des analyses parfois trop complexes qui gênent le lecteur plus qu'autre chose et c'est dommage. Par ailleurs, il se penche surtout sur des cas particuliers en vue de donner une image plus exacte des acteurs des Puces et restreint ainsi la portée de son livre vendu pour le prix rédhibitoire de 29 euros. Enfin, son vocabulaire trop « sociologique » au goût de certains amène trop souvent des ruptures nuisibles à sa lecture. On aurait aimé une étude plus conviviale et plus générale sur les marchands des Puces qui viennent de tous horizons et dont les parcours ne s'apparentent pas forcément à ceux des cas choisis pour cet ouvrage.
Le territoire des Puces n'est pas vraiment homogène puisqu'il se divise en plusieurs marchés (Serpette, Biron, Dauphine, Malassis, Paul Bert, Vernaison, Jules Vallès ou Cambo) qui ont des standings assez différents. Ainsi, Serpette et Biron attirent une clientèle riche alors que Vernaison ou Jules Vallès ont conservé un cachet populaire.
Les endroits haut de gamme ont leurs habitués lesquels ignorent d'autres marchés alors que les marchands de Biron ou de Serpette se considèrent comme de véritables antiquaires au contraire de ceux de Vallès ou de Vernaison qui sont surtout des brocanteurs à quelques exceptions près. Entre ces extrêmes se situent les marchés Dauphine, Cambo, Malassis et Paul Bert où la qualité de la marchandise est inégale.
L'aspect sociologique des Puces, tel que celui décrit par Hervé Sciardet, est forcément sommaire et ne saurait englober l'ensemble de sa population constituée d'individus de tous bords. En dehors de ceux qui ont choisi depuis longtemps la brocante comme profession, la population active des Puces est constituée par des chômeurs reconvertis, des anciens cadres, des inadaptés à la rigueur du travail en entreprise, des femmes qui éprouvent le besoin de s'occuper le week-end, des journalistes, des travailleurs du secteur public, des artistes ou des retraités désireux d'arrondir leurs fins de mois. Bref, toute une colonie hétérogène au sein de laquelle les entreprises de fort calibre sont rares. La plupart des stands sont tenus par des personnes qui travaillent en nom propre et dont les spécialités vont du bric-à-brac à la haute antiquité. De plus, l'esprit de solidarité est quasiment absent parmi les marchands qui font peu d'efforts pour promouvoir leurs activités et n'ont aucune influence sur le marché de l'art sinon d'entrer dans le calcul de son chiffre d'affaires global à la fin de chaque année. Pour le reste, c'est la politique du chacun pour soi qui domine.
S'il y a une étude sociologique des Puces à entreprendre, c'est simplement pour constater que cet endroit représente pour beaucoup une planche de salut dans leur carrière professionnelle avec d'un côté les brocanteurs qui ont quitté le trottoir de ce marché ou d'autres lieux pour prendre un stand et se développer en fonction de divers critères (volonté, capital investi, connaissances, goût du commerce) et de l'autre, des individus venus de nombreux secteurs professionnels ou désireux de ne pas vivoter une fois la retraite arrivée qui ont choisi la brocante pour survivre ou améliorer leur pécule tout en se développant selon leurs moyens (envie, argent investi, connaissances) mais il serait difficile, voire impossible, de faire une étude peaufinée de cette population hétéroclite dont le développement économique est lié à la santé du dollar, à l'économie des Etats-Unis et du monde industriel ainsi qu'au moral des ménages.