Le Musée national du château de Rueil-Malmaison présente jusqu'au 9 janvier 2006 une exposition consacrée à Jean-Baptiste Isabey (1767-1855), un artiste qui eut le privilège de travailler en tant que peintre des cours royales et impériales françaises et ce, sans discontinuer, de Louis XVI à Napoléon III. Nul autre artiste dans l'histoire de l'art français ne fut aussi présent sur le devant de la scène qu'Isabey qui, en plus de ses talents de peintre, allia ceux des plus grands courtisans avec cependant l'incroyable don d'éviter la disgrâce durant près de 70 ans.
Ce Lorrain, élève à Nancy de Girardet et de Claudot, vint à Paris en 1786 étudier la peinture d'histoire dans l'atelier de David avant de se tourner vers l'art de la miniature qui, avant l'invention de la photographie, connut de belles heures au sein des familles nobles et bourgeoises désireuses d'acquérir des portraits des êtres qui leur étaient chers.
Ayant étudié l'art de la miniature en compagnie de Dumont, Isabey travailla à la cour de Versailles où il exécuta les portraits de membres de la famille royale comme ceux de Marie-Antoinette et des ducs d'Angoulême et de Berry.
Après la Révolution, il débuta au Salon de 1793 puis fit partie du cercle de Bonaparte qui le nomma plus tard maître des plaisirs pour les fêtes organisées à la Malmaison, aux Tuileries et à Saint-Cloud. Intime de l'impératrice Joséphine, il devint son premier peintre en 1805 et produisit une quantité incroyable de miniatures de l'empereur et de grands personnages de sa cour
Surnommé le portraitiste des rois, Isabey réussit à préserver son rang après la défaite de Waterloo pour devenir le peintre de Louis XVIII puis de Charles X avant de rester bien en cour sous les règnes de Louis-Philippe et de Napoléon III.
Courtisan hors-pair, il fut néanmoins un grand artiste dont la célébrité s'étendit à toute l'Europe. Ce fut ainsi qu'il réalisa les portraits de la famille impériale d'Autriche en 1812 puis ceux des plénipotentiaires et de nombreux souverains lors du Congrès de Vienne en 1814. Il termina sa carrière au Palais de l'Institut comme directeur honoraire des Palais Impériaux.
Au château de La Malmaison, les visiteurs peuvent découvrir un magnifique ensemble de miniatures d'Isabey exécutées avec une aisance stupéfiante mais aussi des dessins et des huiles où l'artiste a exercé plus de liberté ou encore l'étonnante table d'Austerlitz dite des "Maréchaux" produite pour la manufacture de Sèvres.
Père du peintre Eugène Isabey, qui fut célèbre par ses marines, Jean-Baptiste Isabey s'essaya aussi à la représentation de paysages traités dans un esprit romantique toutefois annonciateur sous certains aspects de l'art de Corot. Bref, cet homme eut tous les talents sauf qu'on le connut avant tout comme un admirable miniaturiste.