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Archives des News

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Vente Arp à Drouot
01 Avril 2003



Le groupe Calmels-Cohen vendra à Drouot le 12 juin 2003 au soir 97 lots de la collection François Arp, pour la plupart des œuvres majeures de Jean Arp, un artiste d'avant-garde encore sous-estimé.

François Arp légua ces œuvres à sa fille Ruth Tilliard-Arp, morte à 85 ans en 1998. Nommé exécuteur testamentaire et légataire universel, le Dr Claude Gubler, qui fut le médecin du président François Miterrand, s'est ainsi chargé de mettre ces pièces rares en vente afin de payer les droits de succession et les honoraires conséquents d'avocats dépensés dans un long et coûteux procès contre une fondation allemande finalement gagné en appel l'an dernier. Toutefois, cette dernière s'est récemment pourvue en cassation, ce qui fait que l'épineux dossier de cette succession n'est pas encore clos.

Dans un premier testament rédigé en 1966, Ruth Arp avait en effet prévu de donner les œuvres reçues de son père à la fondation allemande de Rolandseck, créée par Marguerite Arp, la deuxième épouse de l'artiste décédée en 1994. Johannes Wasmuth, le directeur de cette fondation, avait su ainsi capter l'amitié de la nièce de l'artiste avant de lui faire signer en 1996 un additif au testament précisant que s'il venait à mourir avant elle, la collection reviendrait alors à la fondation allemande.

Johannes Wasmuth mourut d'une crise cardiaque à 61 ans en 1997 au moment même où un scandale éclata en Allemagne concernant l'achat par le Land de Rhénanie-Westphalie de marbres de Jean Arp qui étaient en fait des faux et la saisie pour les douanes françaises de 146 œuvres détournées de la fondation Arp de Clamart (32 reliefs et 114 plâtres) et trouvées dans un camion se rendant en Allemagne. Ruth Tilliard-Arp manifesta un vif ressentiment à ce sujet et décida alors de modifier son testament en faveur du docteur Gubler lequel fut ensuite attaqué par la fondation allemande au prétexte qu'un médecin ne peut hériter de sa patiente si celle-ci a rédigé un testament au cours d'une maladie ayant mené à sa mort. Une première vente, prévue en juin 1998 à Drouot-Montaigne, fut ainsi bloquée par la fondation.

Dans son testament, Ruth exigea cependant que le docteur fasse deux legs, le premier à titre privé et le second à un musée en Allemagne, à condition que celui-ci soit créé dans les deux ans suivant son décès sinon le legs reviendrait à l'Etat français.

Claude Gubler s'est ainsi engagé à donner des œuvres pour sauver la fondation Arp de Clamart alors qu'un accord a été trouvé avec le Land de Rhénanie-Westphalie permettant à cette fondation de redevenir propriétaire des maisons ateliers et d'obtenir des droits de tirage sur des oeuvres monumentales de Arp pour continuer à vivre.

Le groupe Calmels-Cohen, fort de son succès obtenu avec la vente de la collection Breton dispersée en avril dernier (46,03 millions d'euros au total), espère réaliser une superbe opération avec cette succession dont le produit pourrait atteindre plus de 35 millions d'euros.

Arp, qui fut un des cofondateurs du Dadaïsme avant de virer vers l'abstraction-création, n'eut droit à sa première exposition personnelle qu'en 1927 alors qu'aucune rétrospective de son œuvre n'a été organisée depuis 30 ans en France.

On connaît donc mal cet artiste, dont un grand relief coloré a été acheté par le Musée Beaubourg pour 2,5 millions d'euros lors de la vente Breton.

Les amateurs pourront être tentés par deux reliefs en bois vernis de 1919 titrés « Paolo et Francesca, variante 1 » estimés entre 100 000 et 150 000 euros ou une tête au nez rouge de 1923 estimée entre
250 000 et 350 000 euros ou encore « La Fleur-marteau, formes terrestres » de 1916 qui devrait dépasser la barre des 800 000 euros.

Ils pourront également s'intéresser à deux têtes dada en bois polychrome peint par Sophie Tauber-Arp en 1920 (une œuvre estimée entre 300 000 et 500 000 euros) ainsi qu'à des marbres et des bronzes de Jean Arp estimés entre 80 000 et 200 000 euros. On s'attend néanmoins à ce que ces estimations soient pour la plupart pulvérisées car les œuvres de Arp et de sa première femme sont plutôt rares sur le marché.

Né en 1886 à Strasbourg, alors ville allemande, Arp mourut nanti de la citoyenneté française à Bâle en 1966. Durant sa carrière, il se montra peu enclin à la discipline après avoir brièvement fréquenté l'école des arts et métiers de Strasbourg en 1900 et l'Académie Julian en 1909. Il voyagea beaucoup de Munich à la Suisse en passant par Berlin. Dadaîste, il s'intéressa au Surréalisme puis à l'abstraction-création après avoir réussi à se faire réformer lors de la Première Guerre Mondiale en simulant la folie.

L'année 1915 marqua un tournant puisqu'il rencontra Sophie Taueber qui mourut accidentellement en 1943. Durant 28 ans, il travailla étroitement avec cette artiste qui eut un énorme ascendant sur lui.

Plutôt réservé, Arp participa à la révolution dada sans cependant trop provoquer de vagues et resta toujours très proche de son frère François. Poète dans l'âme, il rechercha la pureté dans la forme concrète avec le souci de donner ses propres fruits comme une plante puisant sa sève de la nature. Pétri de sensibilité, il évolua dans son milieu finalement sans trop se soucier des autres et surtout pas des honneurs.

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