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La FIAC: du classique et du dérangeant
15 Octobre 2002



Organisée du 24 au 28 octobre, l'édition 2002 de la Foire Internationale d'Art Contemporain (FIAC) sous le signe du classicisme, de la provocation et de la dérision.

169 galeries de 48 pays représentant 900 artistes dont certains utilisent leurs corps comme support, notamment Franco B., un Britannique de 42 ans adepte de la perfusion et de la projection de gouttes de sang ou Lee Wagstaff, 32 ans, un autre de ses compatriotes au corps entièrement tatoué qui lui sert d'œuvre d'art.

L'art cruel propre à donner des nausées aux visiteurs fait donc une entrée fracassante à la FIAC qui donne aussi un rôle de plus en plus important aux installations, la photo , la vidéo et aussi la symphonie des mots.

L'art d'aujourd'hui colle de plus en plus à la réalité, à l'actualité, aux angoisses du présent comme avec l'artiste espagnol Santiago Sierra, qui tourne la société en dérision en exposant une énorme poutre portée et reposée sans arrêt par des chômeurs histoire de critiquer le système capitaliste.

La FIAC se débride à travers des œuvres et des installations qui ne manquent pas de susciter des interrogations. Art ou non-art ? Là est la question mais les organisateurs ont comme chaque année tourné la difficulté en présentant des valeurs consacrées comme Picasso, Kandinsky, Dubuffet, Hantaï, De Staël, Dali, Morandi et d'autres pointures qui évitent de rendre le menu indigeste.

Pour conclure, on se rend compte que l'art contemporain n'est rien d'autre qu'un art de crise qui reflète les inquiétudes actuelles de notre société et se réfugie dans la critique d'un système pernicieux qui tend de plus en plus à faire de l'homme un numéro.

L'art contemporain rejoint quelque part le cinéma d'aujourd'hui qui pose un regard inquiet sur le quotidien et aussi le futur. Il semble qu'il faille choquer pour exister mais en même temps, l'art se veut alors devenir un message de propagande servant à interpeller les gens sur leur condition.

Se servir de son corps n'est pas nouveau puisque dans les années 1960 on a vu un artiste autrichien se mutiler à mort sur la toile, un fait qui fit grand bruit à l'époque mais aujourd'hui, le « Body-art » se démocratise à sa façon avec une cohorte d'artistes militants. On rejoint ainsi les bonzes qui s'immolaient pour protester contre la guerre du Vietnam alors que l'art se conjugue par ailleurs sur un mode très
« Brigades rouges ».

On est loin d'un George Grosz qui utilisait la guerre comme thème, d'un Fernand Léger qui se servait du développement industriel pour définir un art propre, d'une Vieira da Silva qui conjuguait la cité, d'un Warhol qui détournait des images cultes et des publicités percutantes, d'un Lichtenstein qui transformait la B.D en art ou d'un Combas qui a porté l'art narratif aux nues.

L'art contemporain devient une sorte de jeu psychanalytique pour ceux qui le découvrent, à savoir qu'il les force à se situer par rapport à l'œuvre qui les met mal à l'aise. Il les place devant leur mal-être et les torture pour les forcer quelque part à se remettre en question. Le rire devient alors jaune avec la culpabilisation en plus, l'individu étant amené à se dire que sa neutralité est malfaisante, que s'il joue au mouton, ce sera la société qui en pâtira. La FIAC invite ainsi les visiteurs à se situer par rapport à eux-mêmes, par rapport aux autres, à rester des numéros ou à se rebeller.

Ceux-ci peuvent toujours choisir de tourner le dos à l'art synonyme de cruauté pour faire un tour à MAC 2000, une manifestation qui se tient du 25 octobre au 3 novembre à l'Espace Auteuil laquelle permet à des artistes contemporains plus sages de manifester leur talent à un niveau plus soft ou encore à Art Paris, du 25 au 28 octobre au Carrousel du Louvre, où l'art retrouve une dimension plus humaine avec des questionnements un peu mieux perçus.

Adrian Darmon

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