On attendait mieux de cette vente où les Japonais étaient absents et où les enchérisseurs français étaient apathiques. Pourtant, la presse avait fait un battage monstre autour de cet événement qui a déplacé les foules durant les journées d'exposition précédant cette vacation. Les observateurs ont relevé que ce résultat plutôt médiocre est un mauvais point pour Paris alors que les maisons Christie's et Sotheby's s'étaient battues pour organiser cette vente à New York.
Pourquoi Paris ? Tout simplement parce que lorsque Dora Maar est morte, l'Etat croyait récupérer cette prestigieuse collection mais deux fins généalogistes, intéressés par le gâteau représenté par cette succession, ont finalement trouvé deux vieilles cousines, l'une du côté maternel en Touraine, l'autre du côté paternel en Croatie, qui toucheront 40% du produit net de cette vente, déduction faite des droits de succession, des 3% de droit de suite allant aux héritiers Picasso (Ils toucheront entre 6 et 8 millions de francs) alors que les généalogistes empocheront 30% de la part des héritiers pour le travail qu'ils avaient accompli à leurs frais.
Ce sont les généalogistes qui ont choisi Paris comme lieu de vente, empêchant les héritiers de toucher un plus gros pactole si elle avait eu lieu à New York mais si le produit enregistré semble si décevant c'est surtout à cause de l'attitude de l'Etat qui a mis tant de temps avant de se décider à accorder des visas de sortie pour les œuvres réservées à la vente. L'Etat a de plus pris une décision étonnante en interdisant de sortie les papiers découpés de Picasso qui à l'unité, ne valent pas plus de 10 000 FF pièce. Au final, les tableaux se sont mal vendus du fait que les gros acheteurs étrangers n'ont pas eu le temps de faire leur choix tout en étant dépités d'apprendre au dernier moment que le portrait de Max Jacob et «Dora et le Minotaure», qui a eux deux auraient atteint les 15 millions de francs, allaient à l'Etat sous forme de dation en échange de son autorisation de laisser sortir du territoire les autres lots.
Le seul succès enregistré a été l'hommage à Dora Maar à travers l'exposition de ces œuvres qui a attiré des milliers de curieux durant la semaine précédant la vente. Autre satisfaction : le portrait de Picasso, peint par Dora en 1937, vendu 290 000 FF sur une estimation haute de 60 000 FF. Il est vrai que l'acheteur a certainement cru déceler quelques corrections apportés par le maître lui-même à ce tableau. Pour le reste, le monde de l'art est resté sur sa faim parce que Paris a du mal à servir de vrais festins.
Adrian Darmon
La vente de la collection de dessins et de tableaux de Dora Maar, l'ex égérie de Picasso, n'a pas donné lieu à des enchères spectaculaires le soir du 27 octobre 1998 contrairement aux espérances de l'étude PIASA et de M° Mathias, organisateurs de cette prestigieuse vacation.
Les dessins ont été adjugés à des prix conformes à la réalité du marché et non pas des estimations jugées bien trop basses par les spécialistes tandis que les tableaux n'ont pas atteint les prix escomptés.
La faute en revient à l'Etat qui a trop tergiversé dans sa décision d'accorder des certificats de sortie pour les œuvres mises en vente et qui a déçu les amateurs en demandant aux vendeurs de donner en dation deux pièces phares, le portrait au crayon de Max Jacob et «Dora et le Minotaure», qui auraient probablement donné lieu à une vive bataille d'enchères. Cette première vente – d'autres vacations devant avoir lieu jusqu'au 7 décembre 1998 - n'a produit que 150,86 millions de francs hors frais d'achat alors qu'on espérait aux alentours de deux millions.
Plus de mille personnes se sont pressées dans les locaux de la maison de la Chimie à Paris pour assister à la vente mais la salle est restée plutôt atone tout le long de la vente, les principales enchères se faisant par téléphone. Le plus haut prix a été enregistré pour le tableau «La Femme qui Pleure», adjugé 37 millions de francs sur une estimation de 20 millions. L'acheteur, propriétairen de la galerie Apedoros de Zurich, n'en est d'ailleurs pas revenu de payer si peu ce tableau si important exécuté peu après celui de «Guernica» alors que «Dora aux ongles verts» a été acquis au ras de l'estimation basse à 23 millions de francs par le marchand berlinois Berggruen qui a manifesté son bonheur d'acquérir cette œuvre sans avoir à se battre contre d'autres enchérisseurs.
Les dessins étaient estimés à des prix ridiculement bas et ont atteint, eux, des altitudes normales, notamment «Dora aux cheveux défaits» acquis par Berggruen pour 5 millions de francs alors que le marchand de Berlin et de Zurich Bernt Schultz a acquis à 3 millions de francs «Dora Pensive», pour 3,8 millions de francs «Dora Maar endormie» et pour 3,2 millions de francs «Dora Maar de profil».
On attendait mieux de cette vente où les Japonais étaient absents et où les enchérisseurs français étaient apathiques. Pourtant, la presse avait fait un battage monstre autour de cet événement qui a déplacé les foules durant les journées d'exposition précédant cette vacation. Les observateurs ont relevé que ce résultat plutôt médiocre est un mauvais point pour Paris alors que les maisons Christie's et Sotheby's s'étaient battues pour organiser cette vente à New York.
Pourquoi Paris ? Tout simplement parce que lorsque Dora Maar est morte, l'Etat croyait récupérer cette prestigieuse collection mais deux fins généalogistes, intéressés par le gâteau représenté par cette succession, ont finalement trouvé deux vieilles cousines, l'une du côté maternel en Touraine, l'autre du côté paternel en Croatie, qui toucheront 40% du produit net de cette vente, déduction faite des droits de succession, des 3% de droit de suite allant aux héritiers Picasso (Ils toucheront entre 6 et 8 millions de francs) alors que les généalogistes empocheront 30% de la part des héritiers pour le travail qu'ils avaient accompli à leurs frais.
Ce sont les généalogistes qui ont choisi Paris comme lieu de vente, empêchant les héritiers de toucher un plus gros pactole si elle avait eu lieu à New York mais si le produit enregistré semble si décevant c'est surtout à cause de l'attitude de l'Etat qui a mis tant de temps avant de se décider à accorder des visas de sortie pour les œuvres réservées à la vente. L'Etat a de plus pris une décision étonnante en interdisant de sortie les papiers découpés de Picasso qui à l'unité, ne valent pas plus de 10 000 FF pièce. Au final, les tableaux se sont mal vendus du fait que les gros acheteurs étrangers n'ont pas eu le temps de faire leur choix tout en étant dépités d'apprendre au dernier moment que le portrait de Max Jacob et «Dora et le Minotaure», qui a eux deux auraient atteint les 15 millions de francs, allaient à l'Etat sous forme de dation en échange de son autorisation de laisser sortir du territoire les autres lots.
Le seul succès enregistré a été l'hommage à Dora Maar à travers l'exposition de ces œuvres qui a attiré des milliers de curieux durant la semaine précédant la vente. Autre satisfaction : le portrait de Picasso, peint par Dora en 1937, vendu 290 000 FF sur une estimation haute de 60 000 FF. Il est vrai que l'acheteur a certainement cru déceler quelques corrections apportés par le maître lui-même à ce tableau. Pour le reste, le monde de l'art est resté sur sa faim parce que Paris a du mal à servir de vrais festins.