La 33e édition de la Foire Internationale de l'Art Contemporain a lieu du 26 au 29 octobre 2006 sous la verrière du Grand Palais et dans la Cour Carrée du Louvre. La FIAC reste un événement grandement attendu avec cette année l'espoir de la voir connaître un succès aussi mirifique que celui de la Frieze de Londres. Déjà, le contexte s'est avéré favorable après l'exposition "La Force de l'Art" organisée au Grand Palais au printemps dernier et les diverses ventes aux enchères parisiennes qui ont toutes été émaillées de résultats prometteurs.
Mélange de toutes les audaces, la FIAC attire toujours un large public en pouvant plaire ou déplaire, l'essentiel étant finalement qu'on parle d'elle, nonobstant le fait que ses organisateurs ont déjà la certitude qu'elle est malgré tout un rendez-vous incontournable. Les petits amateurs regretteront quand même que les grands collectionneurs puissent visiter les stands avant l'ouverture pour rafler ce qu'il y a de plus valable, ce qui démontre que la puissance de l'argent joue un rôle non négligeable dans le succès d'un tel événement.
Il n'en reste pas moins que les artistes trouvent primordial d'être exposés à la FIAC, qui représente une des plus belles vitrines de l'art contemporain et dynamise les activités de nombreuses galeries.
La force de la FIAC est de pouvoir jouer dans plusieurs registres allant de la provocation à la dérision en passant par l'humour, le mystère, le social ou l'art tout court. A chaque édition, les visiteurs ont pour la plupart l'habitude de dire qu'il y a là à boire et à manger, un constat inévitable puisque cette manifestation un peu déjantée est à l'image de notre société avec ses vérités, ses contradictions, ses oppositions ou ses dérives qui font qu'elle est un peu à l'image de l'Assemblée nationale avec ses députés de toutes tendances qui créent souvent une cacaphonie qui est le reflet des opinions du peuple lequel est rarement à l'unisson.
La FIAC est aussi comme la Bourse où certaines valeurs s'envolent sans que l'on ne comprenne pas trop bien. Elle suscite ainsi des engouements difficilement mesurés qui rendent certains amateurs cyniques et sûrs d'eux au point de les rendre catégoriques ou résolument de mauvaise foi quand il s'agit d'expliquer leurs motivations.
On se rue à la FIAC parce qu'il y a toujours des découvertes à faire et des bilans à établir par rapport aux éditions précédentes. Résultat: le bouillonnement suscité par cette manifestation représente un formidable élan pour le marché de l'art contemporain qui est devenu le domaine le plus performant mais aussi le plus casse-gueule car il suffit d'une crise économique d'ampleur mondiale pour y provoquer un séisme propre à déboulonner de nombreuses valeurs montantes. En attendant, il y aura peut-être bientôt un engouement accru de la part des amateurs puisque le gouvernement envisage de leur accorder un crédit d'impôt visant à les encourager d'acquérir des oeuvres d'art contemporaines.
En attendant, Paris est encore un peu à la traîne par rapport à New York et à Londres malgré le fait que les galeries d'art contemporain engrangent chacune un chiffre d'affaires annuel de 800 000 euros en moyenne mais cela ne représente avec les activités des maisons de vente françaises que 13% du marché mondial, ce qui reste grandement insuffisant pour concurrencer les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne.
La France demeurera longtemps en retard tant que les taxes frappant les galeries seront lourdes, celles-ci ayant à subir la TVA à l'importation, le droit de suite et des charges de 55% sur les salaires. A comparer la FIAC avec la Frieze de Londres, on ne peut que constater un décalage flagrant qui demeure difficile à pallier alors que les salles de vente parisienne font toujours pâle figure par rapport à celles de New York ou de Londres dont les résultats sont outrageusement édifiants.