Sur le secteur de la photographie contemporaine attirant les collectionneurs les plus jeunes, les cotes se lient, se renforcent et se brisent au fil des ventes. Particulièrement instable, la valeur des photographes contemporains n'a cessé de croître ces dernières années. Elle reste sensible aux mouvances économiques et au jeu spéculatif. La qualité de ces artistes n'est pas encore ancrée dans l'histoire de l'art, ni dans celle du marché. La sélection est particulièrement rude.
L'engouement général des collectionneurs a fait monter bien des jeunes artistes sur les marches de la gloire… mais combien d'entre eux y resteront ? Les prix exceptionnels atteints par certains ne sont en aucun cas la garantie pour l'acheteur d'un investissement rentable sur le long terme. Par contre, à très court terme, les fluctuations de marché sont si importantes que beaucoup de photographes sont les porteurs de rendements exceptionnels. A l'image de Cindy Sherman, l'une des figures de proue de la photographie plasticienne, les prix peuvent doubler dans l'année, et retomber aussitôt. La plupart des photographes contemporains ont été introduits sur le marché secondaire que depuis peu de temps ; aussi est-il périlleux de déduire une cote synthétique fiable pour ces jeunes artistes.
Entre juin 1997 et juin 2002, les prix de la photographie contemporaine ont augmenté de 140%, ce qui en fait l'un des segments les plus porteurs du marché de l'art. Gonflé par la hausse des prix, le produit des ventes réalisé sur la photographie contemporaine décuple sur la même période. Au zénith du chiffre d'affaires réalisé en 2001 dans les ventes de photographie : Andreas Gursky, un artiste de 46 ans. Consacré par de multiples enchères historiques, il illustre admirablement l'engouement des collectionneurs américains pour la photographie contemporaine. Son récent record au mois de février 2002 avec Untitled V, adjugé 635 263 euros (soit 390 000 livres, le double de l'estimation haute), confirme la confiance des acheteurs en cet artiste. Dans son sillage, plusieurs photographes ont battu le record de vente depuis janvier 2002. Parmi les valeurs hautes, on peut citer Rineke Dijkestra (395 064 euros le 14 mai 2002), Thomas Struth (307 272 Euros), Helmut Newton (181 232 euros), Thomas Demand (131 688 Euros) et Irving Penn (69 620 euros). Artistes et œuvres de qualité semblent aujourd'hui se démarquer.
L'incertitude qualitative et les risques financiers encourus à l'achat de tirages contemporains ont conduit les acheteurs à être plus raisonnables. Depuis un an, à la recherche de valeurs plus sécurisantes, ils tendent à concentrer leur demande sur des artistes réputés. La qualité est davantage recherchée. Ils n'hésitent pas à délaisser les photographes moins reconnus ou les tirages de qualité inférieure lors des ventes aux enchères. Ainsi, le taux d'invendus est passé de 17,6% à 42,8% entre 1998 et 2001. Globalement, les prix se sont stabilisés en 2001. La forte montée des prix depuis le début de l'année 2002 devrait se refléter sur les prochaines ventes.
(Source artprice.com)