Le Musée Condé, Château de Chantilly, présente jusqu'au 7 janvier 2002 une exposition consacrée à l'art du manuscrit de la Renaissance en France. Ce fut grâce au duc d'Aumale (1822-1877) que les collections du château de Chantilly purent être enrichies de magnifiques collections, dont celle des manuscrits parmi 56 000 volumes.
Pour cette exposition, plus de vingt pièces ont été sélectionnées au sein d'un ensemble de manuscrits du XVIe siècle, à une époque où l'imprimerie existait depuis plus d'une cinquantaine d'années.
ANTOINE PEVSNER AU CENTRE POMPIDOU
La galerie du musée au Musée National d'Art Moderne, Centre Pompidou présente jusqu'au 31 décembre une exposition consacrée à Antoine Pevsner, un des grands maîtres du constructivisme russe.
Malgré son apport à l'art moderne, Pevsner (1884-1962) reste méconnu par rapport à son frère Naum Gabo avec qui il échafauda les principes de ce qui allait devenir le constructivisme.
Les œuvres présentées par le musée, pour la plupart offertes par la veuve de l'artiste, permettent de mieux cerner la personnalité de Pevsner qui fut un étonnant sculpteur en utilisant les formes industrielles pour les adapter à l'art.
Exclu de l'Académie de Saint-Pétersbourg en 1909 parce que juif, il vint en 1911 à Paris où il rencontra Archipenko et les artistes théoriciens liés à la Section d'Or tout en étant bouleversé par l'exposition cubiste qui eut lieu cette année-là au Salon des Indépendants.
Egalement intéressé par les travaux futuristes de Boccioni et les œuvres cubistes de Gleizes et de Metzinger, il lança les bases du constructivisme en compagnie de son frère lors d'un séjour à Oslo en concevant notamment que la sculpture ne soit plus fondée sur la notion et le fait du volume mais sur l'espace, le vide et le creux.
Ce fut en 1920 qu'eut lieu une exposition commune de Pevsner et Gabo dans les jardins du boulevard Tverskoi montrant les premières œuvres correspondant avec les principes énoncés dans « Le Manifeste réaliste » qui voulait que les réalisations soient pensées et construites.
Toutefois, dès 1919 Kamenev dénonçait les artistes d'avant-garde, en particulier les suprématistes et certains constructivistes qui avaient été jusque là protégés. On réclama à ces artistes un art de propagande révolutionnaire à l'image du productivisme et de la création utilitaire, ce qui amena Pevsner et Gabo à résister à ces principes. En conséquence de quoi, Pevsner préféra partir pour Paris en 1923 et devint essentiellement sculpteur.
Il rencontra Marcel Duchamp, qui lui voua une grande admiration et qui eut, dit-on, une influence déterminante dans sa décision de se consacrer à la sculpture. Ce fut à cette époque que Pevsner mit véritablement en pratique les principes du constructivisme en utilisant notamment les matières plastiques, le verre, le cristal et des lamelles de métal.
Il fit ainsi de la géométrie mise en forme, formes d'hélices, de conques, d'ailes ou de volutes dans un énoncé somme tout fort simple. On peut dire de lui qu'il fut un physicien de la sculpture, un conquérant de l'espace qui, malgré le souhait de Duchamp de le voir à une place méritée, resta bizarrement ignoré. Cette exposition permet donc de le redécouvrir et de le faire ressurgir de l'ombre.