Autour de la reconstitution du pavillon de l'Esprit Nouveau de 1925, le Musée de Grenoble présente jusqu'au 6 janvier 2002 une exposition intitulée «L'Esprit Nouveau, le purisme à Paris, 1918-1925 ». Le mouvement de l'Esprit Nouveau s'est avant tout articulé autour d'Amédée Ozenfant et de Le Corbusier qui furent inséparables jusqu'en 1925 ainsi que de Fernand Léger.
Charles-Edouard Jeanneret, qui devait adopter de Le Corbusier, rencontra en 1917 Ozenfant lequel venait de publier un ouvrage intitulé «Notes sur le Cubisme» dans lequel il avait utilisé pour la première le terme de « purisme ».
Ozenfant et Le Corbusier recherchèrent la clarté et l'équilibre dans leurs œuvres avec le souci d'harmoniser les formes classiques et modernes. Tous deux repensèrent donc la peinture tout en oeuvrant pour l'intégration de l'art dans la vie quotidienne.
L'Esprit Nouveau fit ainsi pendant au Bauhaus en Allemagne ou au Constructivisme en URSS. L'exposition de Grenoble regroupe une soixantaine de peintures et de nombreux dessins en montrant la fin du cubisme et la période post-puriste avec des œuvres d'Ozenfant, Le Corbusier et Léger.
Les visiteurs ne manqueront pas de noter l'influence de Gris chez Ozenfant et Le Corbusier, le premier jonglant avec la transparence et le second se montrant soucieux de remplir l'espace avec un œil d'architecte. Par rapport à ces deux artistes, Léger se montra moins rigoureux en produisant des œuvres colorées et plus tranchantes avec un pinceau plus audacieux.
Amédée Ozenfant (1889-1966) était avant tout un intellectuel et un théoricien qui influença profondément Le Corbusier lequel mena de pair une carrière d'artiste et d'architecte d'avant-garde. Tous fondèrent en 1920 la revue « L'Esprit Nouveau » consacrée à la littérature, l'architecture, la peinture, l'urbanisme, la philosophie, l'esthétique, les sports et la vie moderne. Celle-ci cessa de paraître en 1925, année de la construction du pavillon de l'Esprit Nouveau à l'Exposition Internationale des Arts Modernes Décoratifs et Industriels qui fut le terreau de l'Art Déco. Le Corbusier avait ainsi conçu une résidence en utilisant des éléments de série qui devait être l'archétype de l'habitation du Français moyen, cette maison de tout le monde selon l'idée de Le Corbusier qui se consacra plus tard à la réalisation de grands ensembles tout en produisant de nombreux collages faisant référence à l'Esprit Nouveau.
Le Musée de Grenoble a reconstitué la grande salle du pavillon pour donner un aperçu de ce concept révolutionnaire. Le Corbusier avait notamment dégagé l'espace de l'habitation en limitant le mobilier à des tables et des fauteuils. Sur un mur, une œuvre de Fernand Léger, « La Balustre », est accrochée à côté d'une nature morte de Le Corbusier alors qu'en face, une œuvre de Juan Gris voisine avec une composition puriste d'Ozenfant et qu'une sculpture de Zadkine trône sur une console fixée à la mezzanine.
A.D
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