Est-ce l'effet de la disparition du "Cri" et de la "Madone" du Musée d'Oslo ? Toujours est-il que les prix des oeuvres du peintre norvégien Edvard Munch (1863-1944) se sont envolés le 7 février 2006 lors d'une vente aux enchères de la collection Thomas Olsen organisée par Sotheby's à Londres. Ainsi, "Summer Day" une huile sur toile peinte en 1904-1908 à Lübeck a été vendue pour la somme record de 6,168 millions de livres soit l'équivalent de 8,979 millions d'euros alors que d'autres oeuvres ont fait exploser les compteurs comme "La Vague", une huile de 1919, adjugée pour 1,576 million de livres, "Autoportrait sur fond bicolore", vendu 3,59 millions de livres ou "Autoportrait à la grippe espagnole" de 1918, parti à 1,688 million de livres.
Pour le peintre de la souffrance, les enchérisseurs s'en sont plutôt donné à coeur joie dans cette vente de la collection de Fred Olsen, l'un des fils de Thomas Olsen (1897-1969), l'ami et protecteur de Munch qui sauva de la destruction nombre d'oeuvres du peintre qui se trouvaient en Allemagne en permettant leur rachat après qu'elles furent saisies par les nazis qui les avaient classées comme dégénérées.
Les ventes d'oeuvres impressionnistes, expressionnistes, modernes et contemporaines organisées par Christie's et Sotheby's entre le 5 et le 7 février 2006 ont par ailleurs largement tenu leurs promesses avec quelques records à la clé comme cette enchère de 4,15 millions de livres chez Christie's portée sur un dessin de nu -oui, un dessin sur papier- réalisé en 1917 par Egon Schiele ou celle de 4,936 millions de livres prononcée sur un portrait de femme peint en 1906 par Ernst-Ludwig Kirchner dont une huile datée de 1914-1933 et titrée "Strassenszence" a atteint 2,136 millions de livres.
Soutine n'a pas été en reste avec son "Boeuf écorché" qui aura été cédé au prix du diamant à 7,85 millions de livres, soit 11,429 millions d'euros, un record pour cette viande assaisonnée l'huile alors que d'autres enchères détonantes ont été enregistrées pour des fleurs de 1908 d'Emil Nolde (1,91 million de livres), un jardin de 1928 peint par Max Liebermann (2,136 millions de livres) ou une scène d'apocalyspe de 1913 par Ludwig Meidner (1,8 million de livres).
La fièvre manifestée pour les oeuvres de ces peintres n'a pas été suivie d'une explosion du thermomètre pour une huile de Miro de 1953 qui s'est arrêtée à 5,16 millions de livres ainsi que pour une toile représentant deux femmes, peinte par Gauguin à Tahiti en 1902, qui n'a pas dépassé 12,32 millions de livres, les amateurs ayant estimé que sa qualité et son état ne justifiaient pas de pousser les enchères plus loin.
Le 8 février, Christie's a remis le couvert lors d'une vente d'art contemporain qui a mis les amateurs en transes, un autoportrait de Francis Bacon peint en 1969 atteignant 5,16 millions de livres alors que d'autres scores mirifiques ont été enregistrés pour Georg Baselitz- de quoi avoir la tête à l'envers- Yves Klein, Eduardo Chillida ou Lucian Freud, toujours aussi alerte à 84 ans.