Sans la famille des Rothschild, des musées comme le Louvre et des institutions anglaises ne pourraient certainement pas s'enorgueillir de présenter aujourd'hui certains des plus beaux objets d'art recensés à travers le monde.
On a souvent glosé sur la fortune des Rothschild lesquels ont donc suscité la jalousie ou des opinions équivoques envers eux mais on a rarement évoqué leur extraordinaire générosité en faveur des musées au point d'oublier au passage qu'ils ont joué un rôle majeur dans la constitution du patrimoine culturel de la France et de la Grande-Bretagne en particulier.
En un peu plus d'un siècle, ils ont offert plus de 65 000 œuvres d'art aux musées français et donné de nombreux bâtiments importants à l'Etat, comme l'hôtel de la rue Berryer à Paris, la villa Ephrussi-Rothschild à Saint-Jean-Cap-Ferrat, le château de Laversine dans l'Oise ou le château de Ferrières en Seine-et-Marne. En Grande-Bretagne, ils ont offert au National Trust anglais le château de Waddeston et le manoir d'Ascott.
C'est en 1993 que la famille Rothschild a fêté à Francfort le 250e anniversaire de la naissance de son ancêtre Meyer Amschel (1743-1812), un petit changeur de la Judengasse de cette ville qui sut avec talent faire fructifier son commerce en allant jusqu'à jeter les fondations d'un impressionnant empire financier.
Gudula, sa veuve qui avait été témoin de l'ascension de la maison Rothschild, mourut en mai 1849 à l'âge de 96 ans sans jamais avoir quitté la petite demeure de la ruelle des juifs, craignant que le bonheur ne disparût si elle s'était montrée infidèle au lieu fondé naguère par son époux. Par ailleurs, la famille Rothschild fit tout ce qui était en son pouvoir pour améliorer le sort des Juifs en Europe, notamment auprès du Vatican en 1850 lorsque le pape, forcé de fuir à Gaëte à la suite de violentes émeutes à Rome, dut solliciter l'aide de James de Rothschild pour disposer de suffisamment de fonds afin de restaurer son pouvoir au Vatican. A cette occasion, James demanda la démolition des murs du ghetto de Rome et la suppression des impôts exceptionnels imposés aux Juifs ainsi que la levée des interdictions commerciales dont ils faisaient l'objet mais les promesses du souverain pontife se firent néanmoins longtemps attendre.
Les Rothschild participèrent activement au développement économique de nombreux pays comme la France, la Belgique, la Prusse, l'Autriche ou l'Italie en leur prêtant au passage de fortes sommes génératrices de substantiels intérêts ou en construisant les principales lignes de chemin de fer d'Europe qu'ils contrôlèrent durant des années. En retour, ils furent comblés d'honneurs mais aussi décriés et méprisés, voire honnis, par les hommes d'Etat qu'ils aidèrent lesquels ne se privèrent pas de propager des propos peu amènes à leur égard qui amplifièrent en Europe l'image déformée du juif fourbe et avide que reprirent malheureusement à leur compte les milieux antisémites de la fin du XIXe siècle au point que ceux-ci provoquèrent en France d'incroyables clivages lors de l'affaire Dreyfus ou forgèrent en Allemagne et en Autriche des sentiments profondément anti-juifs qui allaient conduire au drame de l'Holocauste.
Immensément riches après la guerre de Crimée dont ils assurèrent une grande partie du financement, les Rothschild, qui contribuèrent grandement à la naissance de la Belgique et de l'Italie, s'étaient très tôt intéressés à l'art et s'étaient constitués les collections les plus belles d'Europe.
Durant la seconde moitié du XIXe siècle en Autriche, Nathaniel Rothschild se fit bâtir le palais de la Theresianumgasse à Vienne, dont l'installation somptueuse en fit une des curiosités de la ville. La valeur des œuvres d'art et des objets ayant une importance historique était presque inestimable. Il y avait par exemple dans la salle à manger quatre tableaux de Van Loo enchâssés dans la boiserie représentant les quatre arts plastiques peints autrefois pour le château de Bellevue à la demande de la marquise de Pompadour. Dans une niche se trouvait une petite table Louis XVI ovale à dessus de porphyre qui avait appartenu à la reine Marie-Antoinette. Dans une vitrine éclairée à la lumière électrique resplendissait un service de porcelaine émaillée du XVIe siècle, dite de Médicis, composé de douze pièces splendides. Une épée au pommeau richement doré, ayant appartenu à Wallenstein, était exposée sur une table rouge. Il y avait là également un nécessaire de voyage en or dans une cassette en bois de rose portant les armes de Napoléon 1er que l'empereur avait abandonné au soir de la défaite de Waterloo. Les dessus de porte étaient décorés de peintures de Fragonard et de Boucher et aux murs étaient accrochés un portrait de la princesse de Hanovre par Lawrence, « La Jeune fille riant » de Reynolds, le portrait de la Pompadour par Nattier ainsi que d'autres tableaux magnifiques.
Disposant d'un énorme train de vie, les Rothschild désirèrent s'élever toujours davantage au point de vue social dans les pays où ils vivaient. Ce ne fut pas chose aisée car la haine des parvenus et en particulier des Juifs étant vivace dans les milieux aristocratiques, on s'efforça par tous les moyens de les empêcher d'y parvenir. Il leur fallut ainsi rendre de multiples services et consentir maints sacrifices pour être admis dans les plus hautes sphères des sociétés de Vienne, Berlin, Paris ou Londres. Ce ne fut d'ailleurs qu'en 1887 qu'Albert de Rothschild et sa femme purent être enfin admis à la cour de François-Joseph bien que l'impératrice Sissi ait été leur amie depuis longtemps.
En Angleterre, le prince de Galles, futur Edouard VII, fréquenta assidûment les Rothschild en ne cachant pas son admiration pour leur génie financier, leur générosité, leurs goûts pour les sports et leurs soins à réunir des collections d'œuvres d'art. En 1881, il assista même aux noces de Léopold de Rothschild avec Marie Perugia, ce qui l'initia aux cérémonies nuptiales juives, dont il n'avait pas eu idée jusqu'alors. Tout comme en France, certaines des filles de la famille s'unirent à des membres de l'aristocratie. Alors qu'à Paris, Marguerite et Bertha épousèrent l'une le Duc Agenor de Gramont et l'autre Alexandre Berthier, duc de Wagram, Constance, fille d'Anthony, second frère de Lionel, se maria avec Lord Battersea en 1877, Anna contracta une union avec Elliot Yorke de la famille des ducs de Hardwick en 1873 et une fille de Meyer Nathan épousa la même année Archibald Philip Primrose, duc de Rosebery. Par contre, tenus de respecter le vœu de leur ancêtre, les fils de la famille épousèrent tous des femmes de leur religion en nouant à l'occasion des liens étroits avec d'autres puissantes familles juives.
Toujours en Angleterre, Lionel de Rothschild accrut formidablement la fortune de la famille tandis qu'en cultivant les arts et les sports, ses frères accentuèrent le prestige de celle-ci.
Les Rothschild eurent la faculté de survivre à tous leurs concurrents, les Fries, les Geymuller, les Fould, les Péreire ou les Arnstein-Eskeles et durant tout le XIXe siècle, ils s'efforcèrent avec intelligence de préserver la paix en Europe en se voyant malgré tout forcés de temps à autre de financer des guerres pour le compte de la France, l'Autriche, la Prusse ou la Grande-Bretagne. Néanmoins, leur influence politique se réduisit nettement au début du XXe siècle et on cessa de finalement d'écouter leurs précieux conseils à l'aube de la Première Guerre Mondiale à l'issue de laquelle la maison de Vienne subit de formidables pertes d'argent avant de se rétablir en 1924 lorsqu'elle spécula avec succès sur le redressement du franc français alors que les analystes de l'époque lui prédisaient un sort comparable au mark allemand.
Depuis, la richesse des Rothschild, dont la force fut de restée unie, est devenue proverbiale grâce à l'art consommé qu'eurent les différents membres de cette dynastie à ne jamais heurter de front les gouvernements des pays où ils étaient installés, s'efforçant au contraire de s'en accommoder, même lorsqu'ils ne leur plaisaient pas.
Intéressés par toutes les formes d'art, les Rothschild collectionnèrent des œuvres avec une passion démesurée. Meyer Amschel Rothschild amassa ainsi une fabuleuse collection de monnaies et de gravures anciennes qu'il vendit à Guillaume IX de Hesse. Ce virus de la collection fut transmis à ses héritiers, Amschel, Salomon, Nathan, Carl et James qui créèrent notamment des banques à Francfort, Londres, Paris et Vienne ainsi que des comptoirs un peu partout en Europe, sauf en Russie, un pays qu'ils boycottèrent en raison de la politique ouvertement antisémite du gouvernement tsariste.
Sans la famille des Rothschild, des musées comme le Louvre et des institutions anglaises ne pourraient certainement pas s'enorgueillir de présenter aujourd'hui certains des plus beaux objets d'art recensés à travers le monde.
On a souvent glosé sur la fortune des Rothschild lesquels ont donc suscité la jalousie ou des opinions équivoques envers eux mais on a rarement évoqué leur extraordinaire générosité en faveur des musées au point d'oublier au passage qu'ils ont joué un rôle majeur dans la constitution du patrimoine culturel de la France et de la Grande-Bretagne en particulier.
En un peu plus d'un siècle, ils ont offert plus de 65 000 œuvres d'art aux musées français et donné de nombreux bâtiments importants à l'Etat, comme l'hôtel de la rue Berryer à Paris, la villa Ephrussi-Rothschild à Saint-Jean-Cap-Ferrat, le château de Laversine dans l'Oise ou le château de Ferrières en Seine-et-Marne. En Grande-Bretagne, ils ont offert au National Trust anglais le château de Waddeston et le manoir d'Ascott.
C'est en 1993 que la famille Rothschild a fêté à Francfort le 250e anniversaire de la naissance de son ancêtre Meyer Amschel (1743-1812), un petit changeur de la Judengasse de cette ville qui sut avec talent faire fructifier son commerce en allant jusqu'à jeter les fondations d'un impressionnant empire financier.
Gudula, sa veuve qui avait été témoin de l'ascension de la maison Rothschild, mourut en mai 1849 à l'âge de 96 ans sans jamais avoir quitté la petite demeure de la ruelle des juifs, craignant que le bonheur ne disparût si elle s'était montrée infidèle au lieu fondé naguère par son époux. Par ailleurs, la famille Rothschild fit tout ce qui était en son pouvoir pour améliorer le sort des Juifs en Europe, notamment auprès du Vatican en 1850 lorsque le pape, forcé de fuir à Gaëte à la suite de violentes émeutes à Rome, dut solliciter l'aide de James de Rothschild pour disposer de suffisamment de fonds afin de restaurer son pouvoir au Vatican. A cette occasion, James demanda la démolition des murs du ghetto de Rome et la suppression des impôts exceptionnels imposés aux Juifs ainsi que la levée des interdictions commerciales dont ils faisaient l'objet mais les promesses du souverain pontife se firent néanmoins longtemps attendre.
Les Rothschild participèrent activement au développement économique de nombreux pays comme la France, la Belgique, la Prusse, l'Autriche ou l'Italie en leur prêtant au passage de fortes sommes génératrices de substantiels intérêts ou en construisant les principales lignes de chemin de fer d'Europe qu'ils contrôlèrent durant des années. En retour, ils furent comblés d'honneurs mais aussi décriés et méprisés, voire honnis, par les hommes d'Etat qu'ils aidèrent lesquels ne se privèrent pas de propager des propos peu amènes à leur égard qui amplifièrent en Europe l'image déformée du juif fourbe et avide que reprirent malheureusement à leur compte les milieux antisémites de la fin du XIXe siècle au point que ceux-ci provoquèrent en France d'incroyables clivages lors de l'affaire Dreyfus ou forgèrent en Allemagne et en Autriche des sentiments profondément anti-juifs qui allaient conduire au drame de l'Holocauste.
Immensément riches après la guerre de Crimée dont ils assurèrent une grande partie du financement, les Rothschild, qui contribuèrent grandement à la naissance de la Belgique et de l'Italie, s'étaient très tôt intéressés à l'art et s'étaient constitués les collections les plus belles d'Europe.
Durant la seconde moitié du XIXe siècle en Autriche, Nathaniel Rothschild se fit bâtir le palais de la Theresianumgasse à Vienne, dont l'installation somptueuse en fit une des curiosités de la ville. La valeur des œuvres d'art et des objets ayant une importance historique était presque inestimable. Il y avait par exemple dans la salle à manger quatre tableaux de Van Loo enchâssés dans la boiserie représentant les quatre arts plastiques peints autrefois pour le château de Bellevue à la demande de la marquise de Pompadour. Dans une niche se trouvait une petite table Louis XVI ovale à dessus de porphyre qui avait appartenu à la reine Marie-Antoinette. Dans une vitrine éclairée à la lumière électrique resplendissait un service de porcelaine émaillée du XVIe siècle, dite de Médicis, composé de douze pièces splendides. Une épée au pommeau richement doré, ayant appartenu à Wallenstein, était exposée sur une table rouge. Il y avait là également un nécessaire de voyage en or dans une cassette en bois de rose portant les armes de Napoléon 1er que l'empereur avait abandonné au soir de la défaite de Waterloo. Les dessus de porte étaient décorés de peintures de Fragonard et de Boucher et aux murs étaient accrochés un portrait de la princesse de Hanovre par Lawrence, « La Jeune fille riant » de Reynolds, le portrait de la Pompadour par Nattier ainsi que d'autres tableaux magnifiques.
Disposant d'un énorme train de vie, les Rothschild désirèrent s'élever toujours davantage au point de vue social dans les pays où ils vivaient. Ce ne fut pas chose aisée car la haine des parvenus et en particulier des Juifs étant vivace dans les milieux aristocratiques, on s'efforça par tous les moyens de les empêcher d'y parvenir. Il leur fallut ainsi rendre de multiples services et consentir maints sacrifices pour être admis dans les plus hautes sphères des sociétés de Vienne, Berlin, Paris ou Londres. Ce ne fut d'ailleurs qu'en 1887 qu'Albert de Rothschild et sa femme purent être enfin admis à la cour de François-Joseph bien que l'impératrice Sissi ait été leur amie depuis longtemps.
En Angleterre, le prince de Galles, futur Edouard VII, fréquenta assidûment les Rothschild en ne cachant pas son admiration pour leur génie financier, leur générosité, leurs goûts pour les sports et leurs soins à réunir des collections d'œuvres d'art. En 1881, il assista même aux noces de Léopold de Rothschild avec Marie Perugia, ce qui l'initia aux cérémonies nuptiales juives, dont il n'avait pas eu idée jusqu'alors. Tout comme en France, certaines des filles de la famille s'unirent à des membres de l'aristocratie. Alors qu'à Paris, Marguerite et Bertha épousèrent l'une le Duc Agenor de Gramont et l'autre Alexandre Berthier, duc de Wagram, Constance, fille d'Anthony, second frère de Lionel, se maria avec Lord Battersea en 1877, Anna contracta une union avec Elliot Yorke de la famille des ducs de Hardwick en 1873 et une fille de Meyer Nathan épousa la même année Archibald Philip Primrose, duc de Rosebery. Par contre, tenus de respecter le vœu de leur ancêtre, les fils de la famille épousèrent tous des femmes de leur religion en nouant à l'occasion des liens étroits avec d'autres puissantes familles juives.
Toujours en Angleterre, Lionel de Rothschild accrut formidablement la fortune de la famille tandis qu'en cultivant les arts et les sports, ses frères accentuèrent le prestige de celle-ci.
Les Rothschild eurent la faculté de survivre à tous leurs concurrents, les Fries, les Geymuller, les Fould, les Péreire ou les Arnstein-Eskeles et durant tout le XIXe siècle, ils s'efforcèrent avec intelligence de préserver la paix en Europe en se voyant malgré tout forcés de temps à autre de financer des guerres pour le compte de la France, l'Autriche, la Prusse ou la Grande-Bretagne. Néanmoins, leur influence politique se réduisit nettement au début du XXe siècle et on cessa de finalement d'écouter leurs précieux conseils à l'aube de la Première Guerre Mondiale à l'issue de laquelle la maison de Vienne subit de formidables pertes d'argent avant de se rétablir en 1924 lorsqu'elle spécula avec succès sur le redressement du franc français alors que les analystes de l'époque lui prédisaient un sort comparable au mark allemand.
Depuis, la richesse des Rothschild, dont la force fut de restée unie, est devenue proverbiale grâce à l'art consommé qu'eurent les différents membres de cette dynastie à ne jamais heurter de front les gouvernements des pays où ils étaient installés, s'efforçant au contraire de s'en accommoder, même lorsqu'ils ne leur plaisaient pas.
Intéressés par toutes les formes d'art, les Rothschild collectionnèrent des œuvres avec une passion démesurée. Meyer Amschel Rothschild amassa ainsi une fabuleuse collection de monnaies et de gravures anciennes qu'il vendit à Guillaume IX de Hesse. Ce virus de la collection fut transmis à ses héritiers, Amschel, Salomon, Nathan, Carl et James qui créèrent notamment des banques à Francfort, Londres, Paris et Vienne ainsi que des comptoirs un peu partout en Europe, sauf en Russie, un pays qu'ils boycottèrent en raison de la politique ouvertement antisémite du gouvernement tsariste.
Les Rothschild se constituèrent d'importantes collections d'art ancien qui furent augmentées par les générations suivantes au gré de leur installation dans leurs pays d'adoption, la branche autrichienne s'installant en France en 1830 puis en Angleterre avant 1870 alors qu'une partie de la famille anglaise vint en France vers 1850.
Charlotte de Rothschild (1825-1899), fille aînée de James (1792-1868), elle même peintre, légua ainsi en 1899 une bonne partie de sa collection à plusieurs musées, notamment le Louvre, Cluny et les Arts Décoratifs. Ce fut elle qui rapporta de différents voyages en Italie des tableaux primitifs italiens dont certains furent donnés au Louvre qui en avait peu. Elle acheta également de nombreux tableaux du XVIIIe siècle et légua au Louvre « La laitière de Greuze », acquise par son grand-père en 1820. Elle donna également au musée de Cluny une impressionnante collection d'objets du culte juif.
Adolphe, fils de Carl qui dirigea la branche italienne, fut en contact avec les plus grands collectionneurs et amateurs de son époque et se passionna pour les œuvres de la Renaissance et du Moyen Age. Son admirable collection d'orfèvrerie religieuse datant du XIe au XVIe siècle fut offerte au Louvre en 1901. Installé en Angleterre, son cousin Ferdinand (1839-1898) de la branche autrichienne fit bâtir la splendide propriété de Waddesdon et donna au British Museum une splendide collection d'orfèvrerie.
Belle-fille de James, la baronne Salomon (1843-1922) légua à l'Etat français son hôtel de la rue Berryer à Paris pour en faire une maison des artistes ainsi que ses collections d'orfèvrerie allemande du XVIe au XVIIIe siècle, d'objets de la Renaissance et du XVIIIe qui allèrent notamment au Louvre et au musée de Cluny.
Le Louvre reçut également de rares émaux peints de Limoges, des faïences italiennes, des plats de Bernard Palissy, des tabatières, des jades chinois, de nombreuses armes anciennes et des pièces d'orfèvrerie qui font maintenant l'orgueil du musée.
En 1934, Charlotte-Béatrice Ephrussi (1864-1934), fille d'Alphonse et petite-fille de James, donna à l'Institut de France sa villa de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Elle collectionna également de magnifiques objets, meubles, tableaux, sculptures, tapisseries ou tapis dotés en général de provenances prestigieuses. Les boiseries de la villa provenaient notamment de l'hôtel Crillon à Paris et son tapis de la Savonnerie de la chapelle du château de Versailles.
Etabli à Paris, Nathan-James (1844-1881), petit-fils de Nathan de la branche anglaise, collectionna des manuscrits de l'époque médiévale et de la Renaissance. Son fils Henri (1872-1946) amassa plus de 5 000 autographes ou manuscrits relatifs à l'histoire de France, tant politique que littéraire, qui fut léguée en 1933 à la BNF.
Alphonse de Rothschild (1827-1905), fils de James, joua un rôle considérable dans le développement des musées français alors que son frère Edmond (1845-1934) offrit au Louvre son importante collection de dessins et gravures.
Alphonse fut vraiment un amateur éclairé en réunissant dans son hôtel de la rue Saint-Florentin à Paris une impressionnante collection de peintures françaises du XVIIIe siècle et de l'école du Nord du XVIIe siècle, constituée entre autres d'œuvres de Rembrandt, Rubens, Hals, de Hooch. A sa mort en 1905, le Louvre reçut ainsi le portrait du jeune « Master Hare » par Reynolds.
Alphonse joua un rôle de premier plan dans l'organisation des salons et des expositions à Paris en achetant près de 2000 œuvres d'artistes contemporains qu'il donna ensuite à des musées de province, notamment des sculptures de Rodin, Camille Claudel ou Emmanuel Frémiet.
Edmond fut un des plus grands donateurs du Louvre en offrant avec son frère Gustave de sublimes sculptures archéologiques ainsi que 110 pièces d'argenterie trouvées près de Pompéi, entrées au musée en 1895. Il se constitua par ailleurs une collection de 40 000 splendides gravures et de 6 000 dessins anciens qui allèrent enrichir l'ensemble du cabinet du Louvre en 1936.
Durant sa vie, il avait réuni inlassablement les plus belles épreuves gravées de Dürer, Schongauer, Rembrandt, Raimondi ou Van Meckenem.
En 1901, les Rothschild offrirent aussi au musée des Arts Décoratifs de Paris une fabuleuse collection de bijoux des XVIIIe et XIXe siècle qui avait été réunie par la baronne Nathaniel. La famille continua à offrir des œuvres à des musées durant le XXe siècle comme le portrait de lady Alston par Gainsborough, donné au Louvre en 1947 ou la commode du salon des nobles de la reine Marie-Antoinette par Riesener, offerte au château de Versailles en 1966, ou encore la sculpture de Pigalle « L'Amitié », léguée en 1974 au Louvre.
En 1983, grâce au système de la dation permettant depuis 1968 d'acquitter des droits de donation et de succession par le truchement d'œuvres d'art, le Louvre a pu obtenir en paiement des droits de succession de la baronne Edouard de Rothschild le merveilleux tableau « L'Astronome » de Vermeer, la dernière œuvre de l'artiste restée en mains privée en France. En 1990, la dation d'Edmond de Rothschild a permis au Louvre d'entrer en possession de nombreux meubles du XVIIIe siècle, notamment la célèbre commode réalisée par Mathieu Carlin pour Mme du Barry, deux fauteuils ayant appartenu à Marie-Antoinette provenant l'un de Trianon et l'autre du château de Saint-Cloud, trois tableaux du XVIIIe siècle, « Le Grand Déjeuner de chasse » de De Troy et « Le Repas au retour de la chasse» et « Les Plaisirs du bain » de Lancret ainsi que des vases de Sèvres ayant appartenu à Mme de Pompadour.
En Angleterre, la générosité des Rothschild en faveur de nombreuses institutions n'a pas été moindre. Ainsi, le Waddesdon Manor a rejoint en 1957 le giron du National Trust lequel se charge de l'entretien et de la gestion des sites et monuments acquis par héritage ou donation. A Waddesdon, les collections ont été préservées tout comme à Ascott, un domaine offert également par les Rothschild.
La famille a également été active dans le domaine de l'art contemporain en offrant au Centre Pompidou plusieurs œuvres et n'a donc jamais cessé de perpétuer une longue tradition de mécénat initiée par ses aïeux. On ne dira jamais assez combien sa contribution au développement de plusieurs musées français et institutions anglaises a été exceptionnelle depuis plus de 150 ans tant elle leur a offert une multitude de pièces extraordinaires admirées chaque année par des millions de visiteurs.