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Archives des News

Dada=Niet Niet
01 Décembre 2005



Cet article se compose de 4 pages.
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Les débuts du mouvement à Zurich furent plutôt empreints de bonhomie sinon d'amateurisme surtout que la salle du « Cabaret Voltaire » ne pouvait accueillir qu'une cinquantaine de personnes mais ses membres se démenèrent pour lui donner vie en la décorant de tableaux ou de masques créés par Marcel Janco, Ball, Max Oppenheimer ou Jean Arp en présentant des spectacles, des récitals et des numéros qui ne manquèrent pas d'invention au fil des semaines.

Les Dadaïstes se renouvelèrent sans cesse dans la provocation et l'inédit et connurent ainsi un certain succès sauf qu'à un moment, des divergences éclatèrent lorsqu'on chercha à savoir qui avait inventé le mot « Dada ». Un jour, Jean Arp affirma l'avoir prononcé le premier avant d'être rappelé à l'ordre par Tzara alors qu'en réalité, cette paternité revenait à Huelsenbeck et Ball dès le début de 1916.

A travers ce mot, les Dadaïstes exprimèrent leur manière d'être anti-bourgeois, anti-guerre et même anti-tout en se manifestant sur scène tels des garnements déguisés et en prononçant des phrases incompréhensibles ou des poèmes phonétiques dénués de sens comme pour montrer que le langage classique était perverti. De toute façon, parler normalement était contraire à l'esprit dada.

Les Dadaïstes eurent ainsi le chic d'imposer le n'importe quoi, tout comme Duchamp avait osé défier le monde académique en présentant un bidet en tant que véritable objet d'art, mais ils parvinrent malgré tout à définir de nouvelles techniques artistiques intéressantes comme le photo-montage et le collage.

A Zurich, le mouvement ne tint la rampe que durant quelques mois surtout que Hugo Ball s'était subitement avisé qu'il était devenu vide de sens. Ce fut alors que Tzara et Huelsenbeck reprirent le flambeau en août 1916.

En 1917, Huelsenbeck partit pour Berlin où il participa à l'éclosion du mouvement Dada dans cette ville tandis que Arp alla deux ans plus tard à Cologne rejoindre Max Ernst. De son côté, Tzara resta à Zurich où il continua à animer des soirées en compagnie de l'écrivain Walter Serner jusqu'au moment où il jugea préférable de continuer l'aventure à Paris à l'invitation de Breton.

Après son arrivée à Berlin, Huelsenbeck versa moins dans l'ironie en employant des discours plutôt expressionnistes lors des premières manifestations qu'il organisa puis il opéra un revirement en revenant à l'esprit dadaïste en janvier 1918 sous l'impulsion de Raoul Haussmann ou de Johannes Baader qui lui permirent d'ouvrir les yeux sur la situation sociale catastrophique qui prévalait en Allemagne à cette époque.

Profitant d'un climat franchement révolutionnaire, Huelsenbeck et Haussmann trouvèrent un large écho auprès du public, de plus en plus écoeuré et fatigué par la guerre, et incitèrent certains artistes comme Georg Grosz, John Heartfield ou Hanna Höch à les rejoindre.

Le premier manifeste du mouvement berlinois fut ainsi présenté le 12 avril 1918 avec pour but de bousculer l'art tout en annonçant qu'en s'opposant à ce manifeste on ne pouvait qu'être dadaïste. Cette soirée là fut l'occasion d'un énorme chahut alors que la police intervint pour saisir les exemplaires du manifeste et arrêter Haussmann.

Le mouvement mit alors quelque temps à se remettre de ce contre-coup et ce fut l'assassinat des chefs spartakistes Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht en janvier 1919 qui permit de le relancer lorsque Huelsenbeck eut l'idée de secouer le prolétariat. Ce fut alors que l'artiste Kurt Schwitters rejoignit « Dada » mais en même temps, l'action des Dadaïstes était devenue franchement plus politique puisqu'ils professèrent ouvertement l'anarchie. Tout en ayant affaire à des frictions nées de rivalités entre artistes se jalousant les uns et les autres, ils parvinrent néanmoins à trouver un certain écho auprès du public et de la presse en menaçant ouvertement de détruire la République de Weimar.

Cette époque fut fertile pour le Dadaïsme qui permit l'émergence de photo-montages ou de collages très réussis qui servirent à dénoncer le régime en place et furent ainsi de redoutables instruments de propagande.

En août 1920, les Dadaïstes organisèrent la Première Foire Internationale Dada à la galerie Burchard en montrant 175 objets et montages, dont certains furent très provocateurs, comme un mannequin représentant un officier allemand portant un masque de cochon, et à laquelle participèrent des artistes comme Arp, Otto Dix, Picabia ou Ernst. Néanmoins, le public se désintéressa de cette manifestation qui avait eu pourtant un caractère nettement avant-gardiste.

Des poursuites furent diligentées contre certains participants accusés d'avoir produit des œuvres diffamantes mais au bout du compte, Haussmann fut mis hors de cause, Baader acquitté et Grosz condamné à une légère amende. Paradoxalement, faute d'avoir été condamnés, les Dadaïstes se transformèrent en quelque sorte comme les victimes de ces poursuites pour n'avoir pas affirmé leurs convictions ni défié leurs juges. En conséquence de quoi, le mouvement berlinois perdit subitement de sa superbe et s'enlisa avant de sombrer définitivement, chacun de ses protagonistes reprenant sa liberté pour emprunter d'autres voies, comme Ernst qui se dirigea vers le Surréalisme.

De son côté, Schwitters, considéré comme un petit bourgeois, n'avait guère séduit Huelsenbeck, ce qui amena l'artiste à se démarquer de ce dernier et à remplacer le mot « Dada » par celui du concept « Merz » dans ses assemblages qu'il présenta à la galerie Der Sturm en 1919.

Schwitters construisit ainsi des tableaux avec des tickets de tramway, des petits morceaux de bois, de la ficelle, du fil de fer, des morceaux de fer blanc ou du papier en cherchant à donner un côté esthétique à ses œuvres tout en décrétant que le pur Merz était de l'art propre à s'épanouir alors que le pur Dadaïsme était simplement de l'anti-art.

A Cologne, Max Ernst qui se faisait appeler « Dadamax », Theodor Baargeld et Jean Arp avaient organisé en avril 1920 le
« Printemps Dada » à la brasserie Winter et édité quelques revues comme « Ventilator » ou « Schammade », dont l'unique numéro publié en en février 1920 appela les dilettantes à se soulever.

La police mit un terme au « Printemps Dada » au bout de quelques jours en prenant le prétexte d'une représentation pornographique d'un nu de Dürer arrangé par un collage de Max Ernst. L'exposition put néanmoins reprendre avec la présentation d'œuvres offertes à être détruites par un public déchaîné. Le mouvement de Cologne, qui attira notamment Otto Freundlich et Paul Klee lors de sa première exposition, eut donc une existence plutôt brève mais Ernst et Arp surent rebondir en allant à Paris.

Le Dadaïsme traversa aussi l'Atlantique pour conquérir New York et eut pour figures de proue des artistes venus aux Etats-Unis comme Duchamp ou Picabia, qui était d'origine cubaine. Ceux-ci se rencontrèrent en 1919 et travaillèrent avec Man Ray, le galeriste Alfred Stieglitz et le poète Walter Arensberg.

En 1915, Stieglitz avait édité la revue « 291 » puis Picabia publia « 391 » deux ans plus tard. Dada étant international, il était naturel de voir un tel mouvement s'implanter aux Etats-Unis où l'art moderne venait de prendre un formidable essor. Là aussi, il s'agissait de se déclarer pour et contre Dada et certaines manifestations ne manquèrent pas de scandaliser la bonne société new-yorkaise quoique la démarche des Dadaïstes fût avant tout artistique et nullement politique comme en Europe où la guerre faisait rage.

Man Ray et Picabia eurent donc tout loisir pour créer des œuvres absurdes basées sur les constructions mécaniques ou des objets courants qui étaient de l'anti-art alors que Duchamp emprunta une voie qui se voulut conceptuelle et surtout avant-gardiste en présentant en 1917 son fameux urinoir avec l'intention de transformer un ready-made en objet d'art perçu comme tel.

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