Le château de Versailles présente jusqu'au 12 décembre 2004 une exposition intitulée « Maurice Quentin de La Tour, le voleur d'âmes ». De La Tour fut un des plus grands portraitistes français sous le règne de Louis XV. Franc-maçon de la première heure, enclin donc à célébrer la liberté comme ses amis encyclopédistes, il se montra plutôt orgueilleux et surtout cynique envers les gens de la cour qu'il fréquentait. Néanmoins, l'artiste demeura oublié jusqu'à la fin du XIXe siècle surtout en raison du fait qu'il dédaigna la peinture à l'huile en préférant le pastel, une matière fragile qui fit que les œuvres traitées avec ce médium furent difficiles à conserver.
Avec le pastel, De La Tour sut jouer avec merveille pour exprimer la vie intérieure de ses modèles en traitant superbement les couleurs de leur visage et leur sourire. Ces œuvres, poudrées par excellence, furent très prisée en son temps et notamment par la favorite du roi, Mme de Pompadour.
De La Tour donna un air malicieux sinon coquin à ses modèles et sut refléter leur âme à la manière de Holbein deux siècles plus tôt. Ainsi, le portrait du maréchal de Saxe dénote la sensualité du personnage tout autant que sa morgue de militaire. Pour le reste, l'artiste excella dans le rendu de la soie et du satin des habits tout en exprimant une superbe touche de légèreté et surtout une grande liberté qui lui permit de réaliser nombre de chefs d'œuvre. Dans l'autoportrait à la toque, il fixe le spectateur avec une sorte de satisfaction et d'ironie comme pour signifier qu'il est un maître dans tous les sens du terme