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Un automne 2002 difficile
24 Juillet 2002



Les prix faramineux enregistrés aux enchères durant le premier semestre de 2002 ont provoqué une grande inquiétude parmi les professionnels qui redoutent un automne très difficile.

Les enchères spectaculaires enregistrées depuis le début de l'année à Londres ou à New York n'ont concerné que des pièces exceptionnelles, jugées comme des valeurs solides face à la baisse infernale des titres boursiers à travers la planète. En réalité, le moyen de gamme se vend désormais très mal et nombre de marchands ont vu leur activité se réduire comme peau de chagrin depuis trois mois.

Les pièces valant entre 1 000 et 10 000 euros sont délaissées faute d'acheteurs, un signe inquiétant puisque leurs ventes représentent d'ordinaire près de 70% du chiffre d'affaires global du marché.

Sotheby's et Christie's ont réussi leur percée sur le marché parisien au détriment de l'Hôtel Drouot grâce à des vacations importantes ( la vente Jammes de photographies anciennes, la vente de la bibliothèque surréaliste de Pierre Leroy ou celle de la bibliothèque Gwenn-Aël Bolloré ou encore la dispersion de la collection Decourcelle, des ventes d'arts primitifs, de meubles et d'objets d'art et la collection Talleyrand pour ces deux maisons), ce qui les place dans le peloton de tête des groupes opérant à Paris où le groupe Tajan occupe la première position à l'issue de ce semestre avec un produit total de 37,5 millions d'euros, juste devant Christie's qui a engrangé 36,4 millions d'euros et la bataille qui oppose les sociétés françaises aux maisons étrangères a commencé à battre son plein sur un fond de polémique.

En fait, les maisons étrangères offriraient aux vendeurs des garanties de prix et des estimations considérées souvent comme irréalistes et n'enregistreraient que de maigres bénéfices.

Seul l'exceptionnel se vend mais il se fait de plus en plus rare. L'équation est donc posée : jusqu'à quand le marché pourra-t-il offrir à la vente des pièces de qualité musée ?

L'exceptionnel est à bien des égards une valeur refuge tant que les places boursières seront soumises à des secousses infernales mais en cas de krach, il y aura de moins en moins d'argent pour alimenter le marché de l'art. En attendant, les pièces exceptionnelles acquises il y a peu et revendues cette année sur le marché n'ont pas produit un rendement mirifique, ce qui signifie qu'à son sommet les acheteurs sont de plus en plus sélectifs.

Le groupe Artcurial-Briest a réalisé un C.A de 30,6 millions d'euros qui le place pratiquement à parité avec Sotheby's, grâce à l'adhésion du groupe Poulain-Le Fur alors que les groupes associés à Drouot S.A ont eu du mal à trouver leur vitesse de croisière.

A titre d'exemple, le C.A semestriel du groupe PIASA n'a atteint que 23,3 millions d'euros contre 28,4 millions d'euros pour la même période en 2001 alors que le bilan des commissaires-priseurs de Paris a été en net repli (15% de moins par rapport aux 335 millions d'euros enregistrés l'an dernier).

L'attentisme est donc de mise sur le marché, ce qui a provoqué un ralentissement des affaires. Le climat économique mondial restant franchement mauvais, l'espoir d'une reprise est quasiment inexistant pour la rentrée.

La réforme des ventes publiques, entrée en vigueur à la fin de 2001, a de plus constitué un frein au développement des affaires. Trop compliquée, trop restrictive, trop tatillonne, cette réforme a suscité les critiques de l'ensemble des commissaires-priseurs tandis que l'absurdité de la TVA à l'importation (5,5%) qui ne favorise pas le retour en France des œuvres d'art se trouvant à l'étranger n'a pas cessé d'être dénoncée, tout comme le droit de suite, jugé pénalisant par la majorité des acteurs du marché.

Adrian Darmon

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