Les résultats du premier tour de l'élection présidentielle organisé le 21 avril 2002 qui a vu le Président sortant Jacques Chirac devancer de 2,6% de voix Jean-Marie Le Pen, candidat du Front National a causé un véritable séisme. La défaite inattendue du candidat socialiste Lionel Jospin a été due à plusieurs facteurs, notamment le problème de l'insécurité, les inégalités, le retour du chômage, le nombre élevé des candidats à l'élection, le rôle plutôt dissident de Jean-Pierre Chevènement, la lassitude causée par la cohabitation et un fort abstentionnisme de la part des électeurs qui pensaient tout bonnement que tout se jouerait au second tour.
Le Premier ministre a cependant mené une campagne plutôt fade alors qu'il avait la latitude de prendre des mesures coercitives contre l'insécurité qui auraient largement reçu l'aval d'une population rendue inquiète par le malaise grandissant régnant dans les banlieues et les régions défavorisées. D'un autre côté, il a été desservi par l'effondrement manifeste du Parti communiste dont le candidat a enregistré un score déplorable lors de ce premier tour.
Lassé avant tout par les problèmes d'insécurité qui se sont amplifiés depuis ces derniers mois, le peuple a sanctionné le laxisme apparent du gouvernement dont le bilan a été toutefois somme toute assez satisfaisant dans d'autres domaines, et ce, en manifestant son mécontentement par un vote contestataire en faveur du Front National et des partis d'extrême gauche.
Depuis des semaines, artcult.com a mis l'accent sur le besoin de promouvoir la culture pour servir de contrepoids à l'insécurité. Ignorer l'importance de la culture, c'est ainsi faire fi des acquis positifs d'une civilisation.
En mettant l'accent sur ce point, les principaux candidats à l'élection, qui n'ont cependant pas daigné évoquer ce sujet primordial, auraient pu sensibiliser la population sur le rôle de la culture qui a toujours servi de miroir à la grandeur d'un pays. Parler de culture représentait un moyen adéquat pour aborder dans la foulée les questions relatives à l'incivilité et à la violence tout en insistant sur le respect des valeurs de la République et du rôle de la citoyenneté.
L'inculture constitue la pire des menaces pour la démocratie et quand l'insécurité fait tache d'huile dans un pays, ses habitants ont tendance en majorité à se sentir comme des laissés pour compte et à se laisser aller à suivre des discours démagogiques comme ceux scandés par le candidat du Front national. Son score reflète ainsi un ras-le-bol évident face à l'inertie du gouvernement qui de son côté n'a pas vu venir le vent de la contestation.
On connaît toutefois d'avance le résultat du second tour qui verra la victoire du Président sortant mais déjà, l'avenir de la France se jouera avant tout lors des élections législatives où il faudra donner des gages réels au peuple dont l'aspiration est sans conteste un retour aux valeurs, au respect des lois et au bien-être social.
Pour ce faire, il sera nécessaire de remettre sur les rails la culture, fer de lance de la connaissance et quintessence de ce que l'homme a de meilleur en lui. Laisser la culture au placard, c'est ouvrir la voie à des dérives néfastes. Encore faut-il bien cerner ce qu'il convient de faire et ne pas se cantonner dans une culture de façade qui se limite à des émissions de télévision crétinisantes, aux loisirs dirigés et à des comportements façonnés par des modes qui n'offrent pas de repères stables aux catégories populaires dont l'insatisfaction n'a pas cessé de grandir pour aboutir finalement à un résultat déroutant.
Adrian Darmon