Sans culture, un peuple peut vite sombrer dans l'obscurantisme comme on l'a constaté en Afghanistan lorsque les talibans détruisirent les statues de Bouddha de Bâmyân, un événement qui servit d'avertissement et de détonateur aux attaques terroristes du 11 septembre 2001 lancées sous la houlette du groupa Al Qaida d'Oussama Ben Laden. Sans culture, un peuple perd donc son identité dès lors qu'il ne respecte plus les valeurs du passé et ignore celles du présent tout en produisant une contre-culture servant à imposer un ordre soi-disant nouveau comme cela s'est passé au Cambodge ou en Chine lors de la-dite Révolution culturelle.
On aurait tort de croire que les pays considérés comme civilisés, par le fait qu'ils se glorifient de leurs musées et de leurs patrimoines, soient à l'abri d'un désordre menaçant. Si l'insécurité, thème cher aux candidats de l'élection présidentielle, gagne sans cesse du terrain en France c'est que quelque part, il y a un affaiblissement manifeste de la culture surtout que la diffusion de la connaissance ne doit nullement s'arrêter aux beaux quartiers. De ce fait, la culture est un terme abstrait dans les esprits des jeunes délinquants qui défient les autorités et ignorent qu'un musée peut servir à les éclairer sur les acquis positifs des différentes civilisations qui ont précédé la nôtre.
Ceux-là ne connaissent que la violence, la drogue, la haine de l'autre pour se forger une culture sauvage dominée par le mépris de la bienséance et des lois. C'est donc au niveau de l'éducation qu'il est nécessaire de diffuser l'histoire de l'art, reflet des réalisations sublimes de l'homme, et de valoriser ainsi l'image d'un pays mais si rien n'est fait, des millions de personnes deviendront tôt ou tard incultes et par là-même, barbares.
En France, aucun candidat à l'élection présidentielle n'a daigné évoquer avec force le rôle de la culture en tant que contrepoids au malaise ambiant et par ricochet à l'insécurité. Résultat: de nombreux Français ont opté pour un vote contestaire ou pour l'abstention en provoquant ainsi la défaite du Premier ministre au profit du candidat de l'extrême droite.
Le marché de l'art est pour l'instant une affaire d'amateurs mais en dehors des phénomènes économiques qui le régissent, il va sans dire qu'avec l'affaiblissement de la culture au fil du temps ses acteurs seront de moins en moins présents.
Aujourd'hui et en dehors des facteurs économiques qui affectent d'autres domaines mais ont une influence directe sur celui-ci, le marché fait face à divers problèmes comme la raréfaction de la marchandise, l'hégémonie grandissante du marché américain, les contraintes fiscales en Europe et en France et la réforme qui a mis fin au monopole des commissaires-priseurs lesquels éprouvent du mal à créer des structures aptes à rivaliser avec des maisons de ventes étrangères maintenant installées à Paris.
Le marché européen fonctionne déjà au ralenti et les professionnels manifestent de plus en plus leur inquiétude quant à une reprise qui tarde à venir. Certains espèrent qu'elle aura lieu en juin 2002, d'autres, plus pessimistes, pensent qu'elle n'interviendra pas avant la fin de l'année. En attendant, il faut essayer de tenir à travers un système qui voit en général les marchands être les principaux acheteurs des ventes permettant ainsi de maintenir l'activité. Mais un jour viendra où ceux-ci n'auront plus de liquidités suffisantes pour tenir le marché à bout de bras.
Le marché fonctionnera cahin-caha tant que cette fameuse reprise économique n'aura pas lieu et que la bourse ne reprendra pas son souffle. Pour l'instant, et pour les raisons évoquées ici, il n'y a pas grand chose à espérer sinon que de faire le dos rond et attendre des jours meilleurs.
Adrian Darmon