Le Musée Rath de Genève consacre jusqu'au 7 janvier 2001 une importante exposition au peintre suisse Cuno Amiet, né à Soleure en 1868. Cuno Amiet, qui figura parmi les peintres de Pont-Aven, étudia à l'Académie de Munich à la même époque que Giovanni Giacometti avec qui il se lia d'amitié, puis chez Julian à Paris, pour partir ensuite en 1892, passer une année en Bretagne.
Ce séjour à Pont-Aven eut une influence profonde sur son œuvre sa vie durant, jusqu'à sa mort en 1961 et Amiet, en plus de son admiration pour Van Gogh, n'oublia pas les principes qui lui furent inculqués par Emile Bernard, Paul Sérusier ou Roderic O'Conor.
Cuno Amiet s'intéressa aux formes tout en travaillant les couleurs qui les accompagnaient. Il exprima avant tout sa personnalité par la pureté de sa palette et par les harmonies qu'il obtenait en insistant sur la sensation.
Il souligna dans une lettre adressée à Giacometti le 17 janvier 1894 que "la nature n'est que pour très peu dans l'art. Même je vais plus loin et je dis, que tout tableau qui sent l'imitation de la nature n'a pas le droit de s'appeler une oeuvre d'art…… Donc laissons libre le chemin de notre fantaisie….."
Plus tard dans une correspondance avec Oscar Miller, le 7 janvier 1912, il fut d'accord avec celui-ci pour dire que la peinture n'avait d'autre préoccupation que des lignes et des valeurs colorées. Cuno Amiet était avant tout un réceptif, un être sensuel mais dont la sensualité tournait autour de l'image, trouvant en lui une résonance qui lui était propre.
Cuno Amiet se servit de tous les supports, utilisant tous les moyens. Du carton il prit la couleur brune et mate ainsi que la texture grossière de son grain épais, de l'Eternit qui est une matière à base d'amiante, ce fut sa grande faculté d'absorption qui l'intéressa et de la térébenthine, son pouvoir de dilution des couleurs. Les couleurs avec lesquelles il jongla, les atténuant pour les rendre plus douces, et mieux intégrées entre elles, ou les vivifiant pour leur donner plus d'éclat.
Il dévora toutes les possibilités que lui offraient les techniques de la peinture.
En chef d'orchestre passionné, il maîtrisa et joua de toutes les gammes, de toutes les interprétations d'une partition. Conformément à sa démarche, les oeuvres de Cuno Amiet sont belles, figuratives mais sans qu'on y trouve une recherche de stricte copie de ce qu'il vit. Artiste, il se servit de la nature et du souvenir visuel qu'il en avait pour, après avoir épuré son regard, en découvrir et en détacher les sensations afin de mieux les traduire sur sa toile sous une forme purement picturale, c'est-à-dire purement artistique.
Lorsqu'en 1906 les artistes de Dresde invitérent Cuno Amiet à se joindre à eux dans le mouvement "Die Brucke" qu'ils avaient formé, c'est en tant que novateur qu'ils voulurent l'intégrer. Ils ne se trompèrent pas en décelant en lui un esprit indépendant, mais aussi dominé par ses sensations visuelles exacerbées.
A l'occasion de cette exposition, un important catalogue de 348 pages, format 280 X 210, a été édité par les Editions Skira/Seuil. On y trouve la vie du peintre, et son parcours géographique illustré de photos. Une analyse de ses échanges avec son fidèle ami Ferdinand Hodler, ainsi qu'avec Richard Kisling. Le catalogue de l'exposition abondamment illustré, une chronologie accompagnée de photos, et une liste résumée des œuvres exposées avec leur provenance.