Jörg Haider, chef du parti libéral autrichien qui a conclu le 4 février 2000 un accord pour gouverner l'Autriche en partenariat avec la droite, a jusqu'à présent contrôlé les affaires culturelles de son Land de Carinthie et sa politique en la matière ne laisse aucun doute sur sa volonté d'imposer des vues profondément conservatrices. Admirateur de Adolf Hitler, Haider partage les vues du défunt Fuhrer concernant le rôle des femmes qui à son avis sont surtout faites pour rester au foyer et avoir des enfants et l'aspect traditionnel de l'art. Ainsi, il a estimé que le développement de la culture était une affaire strictement populaire signifiant par là que la vie de sa province était basée essentiellement sur les vieilles coutumes folkloriques. Cela veut dire que les artistes subventionnés par le gouvernement autrichien ne sont pas les bienvenus en Carinthie.
Haider s'est intéressé à la culture durant les années 1980 et n'a pas manqué de se mêler de la vie culturelle dans cette province en critiquant vertement l'artiste slovène Valentin Oman et en déclarant que celui-ci n'avait rien à faire en Carinthie. En 1998, il s'en est pris à l'artiste régional Cornelius Kollig qui avait peint les fresques du siège du gouvernement de Carinthie à la demande des autorités de Vienne.
Estimant que Kollig n'était qu'un artiste décadent pour avoir un jour réalisé une œuvre avec ses excréments, Haider a alors accusé le gouvernement de dilapider des fonds publics en commandant ces fresques.
Malgré une violente campagne du FPO contre Kollig Haider a essuyé un échec en ne réussissant pas à faire oublier que Anton Kollig, le père de Cornelius, avait peint les fresques du parlement de Carinthie que les nazis avaient enlevées immédiatement après leur entrée en Autriche en 1938.
Il n'en reste pas que la stratégie de Haider ne laisse pas d'inquiéter puisqu'elle est semblable à celle employée par les nazis il y a une soixantaine d'années. Il n'a ainsi de cesse qu'à trouver une tête de Turc à dénoncer afin de forcer les gens à prendre parti pour ou contre lui.
Après avoir pris ses fonctions de gouverneur de Carinthie à Klagenfurt, la politique culturelle de cette région a été modifiée tandis que le budget alloué à la culture est devenu le plus faible de toute l'Autriche.
Le FPO a d'autre part tendance à choisir les artistes qui trouvent grâce à ses yeux, c'est à dire les tenants des vieilles traditions mais il y a pire quand on songe que le conseiller de Haider en matière de culture n'est autre que le rédacteur en chef d'un magazine d'extrême droite qui vient d'être poursuivi en justice pour avoir publié des articles révisionnistes.
Certes, Haider a promis de respecter la démocratie pour satisfaire le désir du président autrichien avant de négocier la participation du FPO au sein du nouveau gouvernement. Mais Hitler ne fit pas autrement en étant élu démocratiquement avant de gommer progressivement les libertés. La politique culturelle qu'il a appliquée en Carinthie risque en fait de s'étendre un jour à toute l'Autriche et on sait bien qu'un peuple finit par perdre sa liberté quand les artistes se voient privés d'exprimer la leur.