Autre constat : Les maisons de vente anglo-saxonnes dament de plus en plus le pion à Paris dont l'avenir dépend de la réforme de la profession des commissaires-priseurs qui a tardé à devenir effective. Une fois réalisée, il ne restera que quelques études capables de réaliser des chiffres d'affaires conséquents face à la concurrence de Christie's et de Sotheby's qui auront alors la possibilité d'organiser des ventes en France. Ces deux maisons possèdent des infrastructures bien rodées qui leur permettront de dominer rapidement le marché français des ventes aux enchères.
Maintenant que dirait Degas au sujet du prix atteint pour sa danseuse au repos que le Figaro présente comme un maître impressionniste ?
Premièrement, l'artiste ferait certainement la grimace, et il la faisait déjà lorsqu'il prenait connaissance de certains résultats enregistrés à Drouot, ne manquant pas alors de jeter l'anathème sur les spéculateurs. Deuxièmement, il ne louperait pas l'occasion de nier son appartenance au mouvement impressionniste, ce qu'il réfuta avec force de son vivant.
Degas était en fait un solitaire et un misanthrope dont les mots d'esprit étaient tranchants et impitoyables. Il fut en outre borné et se montra notamment férocement anti-dreysusard en tournant le dos à certains de ses amis et mécènes. Ce bonhomme insupportable fut aussi quelque peu misogyne, lui qui pourtant fut le peintre des femmes et des ballerines. Bref, ce caractériel qui avait du caractère, serait encore plus révolté si jamais il ressuscitait…
Quoiqu'on veuille, l'amour de l'art que professe tout grand collectionneur découle le plus souvent de sa propension à gagner de l'argent et les prix enregistrés dans les ventes aux enchères, sans cesse de plus en plus soutenus, sont là pour prouver ce fait.
En dehors d'une petite frange de privilégiés, il ne reste aux amoureux de l'art qui n'ont que de petits moyens d'existence qu'à visiter les musées et les galeries et à rêver devant les chefs d'œuvres qu'ils ne pourront jamais posséder. Mais qu'on se rassure, il existe encore certains fous de l'art qui chinent sans arrêt à la recherche de trésors et qui heureusement finissent un jour par trouver la pièce rare.
Adrian Darmon
Estimé entre 30 millions et 43 millions de francs, un pastel et gouache de Degas (1834-1917) représentant une danseuse au repos, vers 1879, sur deux feuilles de papier jointes, 63 x 67 cm, a été vendu le 28 juin 1999 par Sotheby's à Londres pour la somme record de 175 millions de francs avec les frais. Les chefs d'œuvre se vendent de mieux en mieux sur le marché comme le prouve ce résultat. Et dire que ce pastel avait été acheté 1200 francs en 1885 par Jules-Emile Boivin à la galerie Durand-Ruel. Il s'agissait cependant d'une œuvre exquise et achevée, la plus belle vue sur le marché depuis trente ans. C'est le collectionneur de Las Vegas, Steve Wynn, l'homme qui décore son hôtel avec des œuvres de grande qualité, qui a acquis ce pastel.
Un Matisse de 1940, donc tardif, «Robe jaune et robe arlequin» (Nezy et Lydia), a été vendu pour 70 millions de francs, également avec les frais, doublant son estimation haute alors que des collectionneurs asiatiques ont jeté leur dévolu sur une baigneuse de Renoir pour 31,6 millions de francs et des Nymphéas de Monet pour 30,5 millions tandis que chez Christie's, un
Juan Gris
superbe Juan Gris, Tasse, verres et bouteille (Le Journal) a atteint la somme record de 30,6 millions de francs, doublant son estimation, alors qu'un très beau Fernand Léger, Femme tenant un livre de 1924, a été acquis pour 18,6 millions de francs et que Big Electric Chair de Warhol (1967) a été adjugé pour 16,4 millions de francs. A noter encore, Man in a headscarf de Lucian Freud qui a été enlevé à 11,4 millions, au double de son estimation haute.
Ces enchères faramineuses prouvent trois choses. 1) les acheteurs sont devenus de plus en plus sélectifs et ne choisissent que des œuvres majeures et décoratives quitte à payer le plus fort. 2) La qualité est de plus en plus rare sur le marché. 3) L'argent coule à flots dans certains secteurs, ce qui rend le marché prospère.
Il n'en reste pas moins que la qualité moyenne intéresse moins d'acheteurs et que les petites galeries font face à un marasme inquiétant qui affecte aussi les antiquaires, hormis ceux qui vendent du fonctionnel comme les meubles ou les objets de décoration.
Autre constat : Les maisons de vente anglo-saxonnes dament de plus en plus le pion à Paris dont l'avenir dépend de la réforme de la profession des commissaires-priseurs qui a tardé à devenir effective. Une fois réalisée, il ne restera que quelques études capables de réaliser des chiffres d'affaires conséquents face à la concurrence de Christie's et de Sotheby's qui auront alors la possibilité d'organiser des ventes en France. Ces deux maisons possèdent des infrastructures bien rodées qui leur permettront de dominer rapidement le marché français des ventes aux enchères.
Maintenant que dirait Degas au sujet du prix atteint pour sa danseuse au repos que le Figaro présente comme un maître impressionniste ?
Premièrement, l'artiste ferait certainement la grimace, et il la faisait déjà lorsqu'il prenait connaissance de certains résultats enregistrés à Drouot, ne manquant pas alors de jeter l'anathème sur les spéculateurs. Deuxièmement, il ne louperait pas l'occasion de nier son appartenance au mouvement impressionniste, ce qu'il réfuta avec force de son vivant.
Degas était en fait un solitaire et un misanthrope dont les mots d'esprit étaient tranchants et impitoyables. Il fut en outre borné et se montra notamment férocement anti-dreysusard en tournant le dos à certains de ses amis et mécènes. Ce bonhomme insupportable fut aussi quelque peu misogyne, lui qui pourtant fut le peintre des femmes et des ballerines. Bref, ce caractériel qui avait du caractère, serait encore plus révolté si jamais il ressuscitait…
Quoiqu'on veuille, l'amour de l'art que professe tout grand collectionneur découle le plus souvent de sa propension à gagner de l'argent et les prix enregistrés dans les ventes aux enchères, sans cesse de plus en plus soutenus, sont là pour prouver ce fait.
En dehors d'une petite frange de privilégiés, il ne reste aux amoureux de l'art qui n'ont que de petits moyens d'existence qu'à visiter les musées et les galeries et à rêver devant les chefs d'œuvres qu'ils ne pourront jamais posséder. Mais qu'on se rassure, il existe encore certains fous de l'art qui chinent sans arrêt à la recherche de trésors et qui heureusement finissent un jour par trouver la pièce rare.